Monday, July 18, 2011

L'invisible est relatif - the invisible is relative



Quitter l’Utah fut difficile. Nous nous sommes fait des amiEs génials qui ont su rendre notre séjour là bas des plus agréables. Sur la route vers la Colombie Britannique, on s’est arrêtée à Missoula au Montana. Missoula semble être une ville pleine de culture et de vie… mais quand on y est passées, ce ne fut que des orages et du vent. Les nombreux pilotes du coin avaient volé pendant une semaine et demi sans arrêt, les conditions étaient bonnes… jusqu’à ce qu’on arrive. Peut-être qu’on n’était pas dues pour voler là. De toute façon, lorsqu’on est sur la route, on est en mode route avec le but d’arriver à quelque part. Notre énergie n’est pas à son meilleur pour prendre les deltas et s’envoler. Ne pas voler pendant les jours de voyagement est un sacrifice qui fait partie de la réalité de vouloir voir plusieurs endroits.
Traverser la frontière et se retrouver au Canada fut particulier. Après 2 mois aux États, il y a une p’tite fibre qui vibre d’être de retour au pays même si c’est à l’autre bout en Colombie Britannique! On arrive finalement au Mont 7 à Golden. Quelle montagne magnifique! Encore plus que je ne l’avais imaginé depuis toutes ces années que je rêve de crier « Clear » de son sommet! L’invisible est bien présent entre les épisodes de pluie et de nuages intenses. Je me rends compte que les thermiques sont un invisible plutôt relatif à Golden puisque l’air et les montagnes y sont grands. Alors qu’un vol fut plutôt turbulent pour moi, il s’agissait d’un 5/10 pour les pilotes locaux plus expérimentés et habitués à voler ce site. Pour moi, ce fut un vol où même à 9000’ mes mains suaient, où j’étais tellement occupée à tenir ma barre de contrôle que j’ai à peine aperçu la beauté des montagnes majestueuses qui s’offraient à moi. L’aspiration dans un nuage me fit prendre une direction qui me dirigea hors des zones d’ascendance et je ne puis revenir aux altitudes précédemment touchées. J’étais tendue! Voler en état de tension brule du jus deux fois plus vite et rends le pilotage beaucoup moins efficace. En rétrospective je suis bien fière de m’être bien débrouillée dans cet air qui me tabassait et je réussi à étendre ma zone invisible de confort sans entrer dans la zone invisible de la peur. Pénétrer cette dernière zone s’effectue au détriment de la confiance précédemment construite et certains pilotes en restent prisonniers pendant que leurs compétences semblent régresser.
Je crois que chaque pilote frappe un mur à un certain moment. Camille a réussi à vaincre et contourner son mur à Golden. Je suis si fière de ma sœur volante qui fut capable de faire abstraction de ses peurs habituelles et ignorer la présence de beaucoup de spectateurs à ses décollages. Ses plans de vols furent exécutés avec brio et sa confiance est revenue après avoir vécu dans des zones de colère et d’appréhension en Utah au point de se demander si elle est vraiment faite pour voler. Comme quoi tout est relatif! Se rappeler que tout évolue, tout change et qu’un état d’esprit quelconque n’est pas fait pour durer.
Pour moi l’apprentissage continuel en deltaplane est la conscience que je suis pilote aux commandes et que je prends mes décisions propres selon mon jugement et mes impressions du moment. Je respecte beaucoup et recherche les conseils des pilotes locaux, mais la décision finale me revient. Ca marche habituellement bien pour respecter ma réalité propre à moins de n’être pas centrée dans mon corps, d’avoir la tête ailleurs et par conséquent, de n’être pas capable de percevoir les signaux subtils qui me sont envoyés. Le parallèle est puissant avec la manière dont on mène notre vie de tous les jours. Prendre l’entière responsabilité pour nos pensées, paroles et actions en toute circonstance est un entrainement constant! Pour moi c’est le chemin où l’on vit de la manière la plus libératrice dans le but d’exploiter son potentiel total et se retrancher de la victimisation.
Encore une fois, nous avons rencontré une autre belle famille de deltistes et avons pu constater à quel point cette passion qui nous unis est puissante de sa nature rassembleuse et festive! Maintenant sur la route depuis 36 hrs entre l’Alberta et le Wisconsin, les paysages défilent et je pense à nos multiples expériences de l’été. Quel privilège de pouvoir embarquer sur une telle aventure! Il s’est passé tant de choses en 2 mois, nous avons beaucoup évolué ensembles! Nous contemplons les dernières étapes de ce périple et sourions à la joie de retrouver nos amiEs à Mont St Pierre bientôt…





To leave Utah was difficult. We made some incredible friends who have positively influenced our stay over there! On the road to British Columbia, we stopped in Missoula, MT. This town seems like a place filled with life and culture… but when we passed by we found thunderstorms and big winds. Many pilots live in the area and they had been flying a bunch in the week prior to our arrival, but conditions turned bad when we arrived… Maybe we were just not due for flying there. When we are on the road and are in a travelling mode we are not in the best energy and disposition to go fly anyways. It is part of the reality to not fly much while on the road in order to visit many different flying sites.
Crossing into Canada after 2 months of travel in the USA gave us a little patriotic vibe even though we crossed at the other end of the country. We finally arrived to Mt 7 in Golden, BC. What a magnificent mountain! Even more so than what I had imagined for many years where I’ve been eager to yell “Clear” from the top! The invisible is very present between episodes of rain and intense cloudiness.  I’m realizing that the invisible that are the thermals is a relative invisible even more so at Golden since the air and the mountains are so big! Indeed, while one flight was rather turbulent for me, it was a 5/10 for one local pilot more experienced at flying this site. For me it was an intense flight where even at 9000’ my hands were sweaty, where I was so busy with keeping my control bar into my hands that I barely noticed the surrounding beauty and magnificence of the mountains. As I avoided being sucked by a cloud I made a wrong turn that took me out of the lift line of that day and I sank out being never able to regain the lost altitude. I was tensed, no doubt! Flying while being tensed burns my energy twice as fast on top of not being efficient. In retrospect, when I walked the ground again, I was happy and proud that I handled this rowdy air. Mostly I knew that I expanded my invisible comfort zone without entering the invisible fear zone. Going into the later zone is detrimental to the confidence already built by the pilot. It’s a temporary era of skills regression trapping the pilot. I think every pilot eventually hits a wall. Camille was successful at breaking down the wall she had built earlier in the trip. She was able to ignore her usual fears and the presence of multiple spectators while she was launching, her flight plans were executed with success. Her confidence came back after having been in frustration and apprehension zones where she even wondered if she was enough to be a pilot. This shows that everything is relative, that we need to remember that we are evolving, that everything is in constant motion and a given mental status will not last. I’m so proud of my flying sister!
For me the continual growth with hang gliding consist of being more and more conscious that I am a pilot in command, I make my own decisions according to my judgment and impressions of the moment. Although I respect and seek the local pilots’ advice, the final decision remains mine. It works well for me usually unless I’m not centered into my body or my head is busy somewhere else which makes me immune to the subtle signs that are being fed to me. The parallel is quite powerful with the way we live our lives. To take full responsibility for our thoughts, words and actions is a continuous challenge and quest. For me this is the path of the most freedom allowing us the space to develop our full potential and avoid victimisation.
Once more we met yet another beautiful family of hang gliding pilots and witnessed how strong everybody feels about this reuniting and festive passion we share.
Camille and I have now been on the road for 36hrs from Alberta to Wisconsin. As the landscapes run by my window I’m reflecting on all the amazing experiences we’ve had this summer so far. What a privilege to embark on such an adventure! We’ve done and evolved so much in 2 months. We are now contemplating the last steps of our journey and are smiling to the joy of being reunited with our friends in Mont St Pierre soon…





Friday, July 1, 2011

Le passé invisible demeure visible - The Invisible past remains visible


Sur la route de l'Utah à partir du Colorado, nous nous sommes régalées de fabuleux paysages à Moab en Utah. Nous sommes arrêtées une journée pour visiter le parc national des arches où la splendeur des paysages est marquée à jamais dans mon coeur, esprit et caméra (au désespoir de Camille puisque j'arrêtais à toutes les roches!). Le plus intense fut le sentiment de permanence et d'éternité que nous proposaient les montagnes, ravins et rochers sculptés par le temps, les intempéries de pluie, neige, vent et soleil plombant. Cette immensité nous ramène à notre forme essentielle de permanence à travers l'âme puisque notre entité physique est si éphémère comparé à l'histoire géologique qui se déroule sous nos yeux. Les rochers auparavant présents qui furent réduits en poussière par les éléments sont malgré tout visible de par les marques du passé laissés sur les rochers existants. Comme quoi notre passé nous suit partout même si l'on parle de générations lointaines. D'ailleurs, après l'histoire géologique vient l'histoire généalogique. Alors que nous sommes en Utah et que les vols se sont multipliés à la pointe de la montagne, nous sommes allées visiter la plus grande bibliothèque généalogique au monde située à Salt Lake city, tenue par des mormons. D'ailleurs, j'aurais bien aimé être invisible alors qu'un vieil homme volontaire tentait en vain de m'aider à faire ma recherche alors qu'il semblait vouloir m'impressionner un peu trop. Bref, nous avons commencé avec émerveillement à retracer nos ancêtres!! C'est vraiment intense la quantité de documents présents dans cette bibliothèque. Des millions de documents sont également entreposés dans une voûte creusée à même les montagnes plus au sud de SLC. Nos ancêtres invisibles demeurent donc visibles grâce à l'histoire et les documents qui ont survécu le temps, les guerres et les éléments. Dans un même parallèle, nous demeurons ici à Draper à 5 maisons du décollage nord chez une dame qui fut pionnière du deltaplane. Lori nous a accueilli avec son grand cœur et accepte de partager quelques une de ses histoires de vie de deltiste. Elle demeure très modeste face à tous ses accomplissements, passant par un record de distance aux vols à des sites jamais volés auparavant. Ses photos sont d'une rareté et splendeur unique! Je me sens vraiment privilégiée d'avoir rencontré et de partager un instant de quotidien avec cette grande dame qui est encore visible pour nous conter un peu de son passé. Une vraie soeur volante pour nous!! Merci Lori! 

On the road to Utah from Colorado, we took the time to stop by Moab and enjoy the fabulous landscapes. We went to Arches national park where the splendid mountains are imprinted in my heart, spirit and camera (poor Camille, I was stopping at every rock for a WOW picture!). The most intense part was the feeling of permanence and eternity proposed by the mountains, ravines and rocks sculpted by time and elements. This immensity brings us back to our essential form of permanence through our soul since our physical entity is so temporary compared to the geological history displayed under our eyes. The rocks previously present and reduced to dust by elements, are still visible through the marks left on the existing rocks. This makes us realize that our past always follows and constitutes us, no matter how many generations behind we’re looking at. Indeed, after the geological history comes the genealogical one. As we are in Utah and multiplying the flight at the Point of the Mountain, we went to visit the largest family genealogy library in the world in Salt Lake City. The Mormons hold this library tidy. On a side note, I would have liked to be invisible as an older man volunteer was trying to help me with my research without success, as he seemed to want to impress me a little too much. Anyways, Camille and I started with delight to retrace our ancestors‼ The quantity of documents held in this library is overwhelming. Millions of documents are also stored in a vault dug into the mountains south of SLC. Our invisible ancestors remain visible thanks to history and all the documents, which have survived time, war and elements! In a similar parallel, we have been staying in Draper at a lady hang gliding pioneer’s beautiful house just 5 houses down from the north point launch! Lori warmly welcomed us into her home and accepted to share a few of her amazing flying stories with us. She remains rather modest behind all her accomplishments and contributions to the sport of hang gliding. From a world record to flying in previously unknown sites, her pictures are splendid. I feel really privileged to have met with Lori and share a brief moment of her daily life. I’m glad she is still visible to tell her stories and be a real flying sister to us! Thanks Lori!